L’une des peurs que nous ressentons le plus au quotidien est celle de se retrouver seul. La solitude est une situation que la plupart des gens vivent très mal. Elle est même une cause fréquente de dépression qui peut mener par la suite au suicide. L’être humain est fait pour vivre en société et pour aller vers les autres.
Pourquoi ressentons-nous précisément ce besoin ? Sommes-nous les seuls à souffrir lorsque nous sommes mal traités ou rejetés ? Pourquoi cherchons-nous toujours à avoir de nouvelles relations ? Si vous vous posez souvent ce genre de questions, sachez qu’un homme a trouvé des réponses qui pourraient vous satisfaire.
Cet homme, c’est Matthew D. Lieberman, un neuroscientifique social à l’Université de Californie. Sur la base d’études passionnantes, il décrit avec des preuves neurologiques pourquoi notre cerveau est conditionné pour développer un lien social. Par la suite, il a montré comment utiliser ce que nous avons appris de lui pour améliorer nos relations sociales partout où nous allons. Tout ceci se trouve dans le livre Social — Why our brains are wired to connect. C’est une œuvre à découvrir absolument !
Pourquoi nos cerveaux ont-ils besoin de se connecter ?
À moins d’être asociale par nature, chaque personne ressent le besoin d’être acceptée dans la société et d’entretenir des relations. C’est ce sentiment qui, par exemple, pousse instinctivement les jeunes à se rallier en bande au collège. En fait, développer des liens sociaux forts nous permet d’avoir un équilibre intérieur et une bonne santé physique et mentale.
L’appétit social que ressent l’être humain a, pendant longtemps, été au cœur de nombreuses études scientifiques. Ces études cherchaient à montrer à quel point la connexion sociale pouvait être importante, voire plus importante que certains besoins humains. Le neuroscientifique Matthew D. Lieberman s’est également lancé sur cette voie.
Les recherches révolutionnaires de Lieberman et son laboratoire de l’UCLA ont permis d’aboutir à des conclusions fortes intéressantes. Par exemple, le neuroscientifique a découvert que notre cerveau réagissait bien particulièrement face à la douleur sociale. Lorsqu’un individu se sent rejeté ou mis à l’écart, il ressent une sensation qui égale la douleur physique !
Le livre Social nous en apprend un peu plus sur le cerveau social. Il nous explique pourquoi notre cerveau est câblé pour tendre la main et se lier aux autres. Les implications qui en découlent aident le lecteur à se découvrir davantage, surtout dans les relations sociales plus intimes. Elles cherchent à montrer qu’il est possible d’améliorer nos vies et la société en ayant une meilleure perception de notre nature sociale. L’ouvrage est bourré d’exemples, d’anecdotes scientifiques et de faits réels qui rendent sa lecture plus passionnante.
Découvrons à présent quelques-unes des idées les plus remarquables qu’on peut trouver dans ce livre épatant.
Trois réseaux neuronaux du cerveau assez intéressants
Très complexe, le cerveau est un organe au cœur des interactions avec notre entourage dans la société. Pour l’étudier, il faut user d’une démarche scientifique précise, chose qu’a faite le scientifique Lieberman. Selon lui, il existe dans notre cerveau trois réseaux qui favorisent notre connexion sociale :
- Le premier nous permet de ressentir la douleur et le plaisir sociaux ;
- Le deuxième nous rend capables de lire les émotions des autres et de prédire leur comportement à venir ;
- Le troisième nous permet d’accepter les croyances et les valeurs culturelles des autres pour mieux nous relier aux groupes sociaux.
Les réseaux ont été cartographiés grâce à la technologie IRMf, ce qui a permis d’identifier les structures cérébrales et les voies neuronales. Rassurez-vous, le livre explique comment ils sont parvenus à les trouver !
Par exemple, pour le premier réseau, Lieberman et son équipe ont fait venir des personnes et les ont installés dans des scanners IRM. Ils ont alors simulé une expérience de jeu dans laquelle les joueurs — au nombre de trois — devaient se lancer une balle l’un à l’autre. À un moment donné, les deux autres joueurs cessaient de renvoyer la balle au sujet. Ils ne jouaient plus en trio, mais en duo.
À ce moment, ils ont remarqué que les parties du cerveau qui enregistraient la douleur physique étaient actives lorsque les joueurs étaient exclus du jeu. Cela veut dire que fait d’être exclu du jeu — et par analogie de la société — leur faisait autant mal qu’une douleur physique ! C’est assez impressionnant. Si vous faites attention, vous remarquerez que vous ressentez également la même chose lorsque vous êtes rejeté, humilié ou exposé à un mauvais traitement.
Notre cerveau social a également le sens de l’équité. En effet, les centres nerveux de récompense et de plaisir s’allument lorsque nous sommes bien traités par les autres. La sensation d’appartenance nous plonge dans un état euphorique.
La « mentalisation »
Matthew Lieberman appelle encore cette capacité la « lecture mentale ». Elle est sans doute l’une des choses les plus remarquables dont notre cerveau est capable pour favoriser nos relations sociales. C’est d’ailleurs pourquoi une bonne partie du livre est consacrée à son étude.
Notre cerveau recueille et étudie sans cesse plusieurs informations, certaines sont très utiles et d’autres non. Durant cette tâche, il s’efforce de déterminer avec qui nous pouvons partager ces informations et comment nous nous y prenons. Autrement dit, le cerveau se bride automatiquement s’il considère que la personne en face ne va pas apprécier ce qu’on s’apprête à partager avec elle.
Par exemple, vous remarquerez qu’il vous sera plus facile d’échanger certains secrets avec votre meilleur ami ou votre mère plutôt qu’avec votre collègue de travail ou votre voisin. C’est à cause de la « mentalisation ». Elle nous permet de déterminer les caractéristiques psychologiques des personnes avec qui nous sommes en contact. De cette façon, nous sommes en mesure de prédire leurs réactions face à certaines situations. Cela nous permet d’éviter les malentendus inutiles.
Dans sa soif de liens sociaux, votre cerveau fait tout pour imaginer les pensées des autres. Il vous amène à vous comporter d’une manière bien définie, afin de favoriser vos relations en société.
Les différentes recherches du livre social mènent à une conclusion spécifique. Au fil des ans, l’Homme s’est davantage intéressé aux connexions sociales. Par conséquent, le cerveau moderne est devenu totalement dépendant du lien social ; il doit par nature aller vers les autres. Selon Lieberman, les relations sociales sont « essentielles pour faire nous l’espèce la plus prospère sur terre ».
Tendre la main à nos semblables est quelque chose d’important. Voyez par vous-même le bonheur qu’on ressent à aider une personne dans le besoin, participer à un sport d’équipe ou encore à avoir de très bonnes relations avec ses collègues. Cette sensation n’a pas de prix.
Fort de cette vérité, Lieberman propose que les institutions sociales soient améliorées. Elles doivent favoriser et renforcer le lien qui lie les individus entre eux. Sur ce plan, les écoles ont vraiment du travail. En effet, l’apprentissage scolaire est exclusivement orienté vers le travail personnel et le repli sur soi. Cette situation n’est pas de nature à favoriser le lien social.
Les écoles doivent faire en sorte de créer un climat socialement agréable et apaisant. Autrement dit, il faut que les élèves ressentent qu’ils appartiennent à un corps social et qu’ils sont connectés les uns aux autres. De plus, la souffrance sociale est très présente dans les établissements scolaires. Les apprenants sont parfois harcelés par leurs semblables ou encore isolés des autres. Ces institutions doivent lutter contre de telles choses.
L’esprit humain retient davantage les informations qui sont liées à des personnes ou des relations plutôt que des faits abstraits. Par exemple, les apprenants auront peut-être du mal à se souvenir des évènements marquants et des dates d’un cours sur la Deuxième Guerre mondiale. Par contre, si on fait en sorte d’insister sur les personnages, sur le lien social qui les unit, on peut être sûr que le message va passer. Les écoles doivent donc enseigner en exploitant l’esprit social.
Enfin, les écoles doivent encourager l’apprentissage collectif plutôt que de se focaliser uniquement sur le travail personnel. Durant des activités d’ensemble, les apprenants pourront échanger sur leurs difficultés et s’aider mutuellement. Ce type d’activité va améliorer l’apprentissage scolaire.
Plusieurs études ont montré que la réussite économique d’une organisation dépendrait de son capital social. Plus les employés d’une entreprise entretiennent des relations sociales étroites, plus ils apprennent à travailler efficacement. Si cette logique est réelle, les chefs d’entreprise doivent favoriser ce lien en organisant par exemple des évènements d’entreprise. Il est également nécessaire qu’ils apprennent eux aussi à mieux interagir avec leurs travailleurs pour comprendre leurs besoins et les prendre plus productifs.
Profitez intensément de vos liens sociaux
Le neuroscientifique Lieberman indique qu’avoir des liens sociaux est tout aussi important pour la santé que ne pas fumer. Par conséquent, il nous exhorte à en profiter pleinement et sans mesure. Offrez-vous du temps pour vos relations avec votre famille, vos proches, vos amis et tous ceux qui ont de l’importance pour vous. En agissant ainsi, non seulement vous utiliserez votre cerveau pour ce pour quoi il a été créé, mais en plus vous aurez une existence plus heureuse.
Rester isolé ou trop raide ne contribue qu’à augmenter votre mal-être social et à vous priver d’un bonheur unique. Chacun d’entre nous a besoin de ressentir qu’il appartient à la société. Acceptez ce besoin et vivez-le pleinement. C’est le conseil de Matthew Lieberman.
Plus qu’un ouvrage scientifique, Social — Why our brains are wired to connect est une œuvre littéraire passionnante. Elle est rédigée dans un style simple, facile à comprendre et surtout agréable. Sa lecture vous permettra de découvrir un autre aspect de votre personne afin de vous sentir mieux dans votre peau et dans la société.